Appel à témoins dans l'affaire d'inceste en Autriche

mercredi 30 avril 2008, mis à jour à 22:33


La police autrichienne a lancé un appel à une centaine de témoins potentiels afin de mieux comprendre comment une femme et ses enfants ont pu être séquestrés pendant près d'un quart de siècle par un père incestueux.



Un appel a été lancé à toutes les personnes qui ont vécu dans l'immeuble de la petite ville d'Amstetten dans la cave duquel Josef Fritzl a, en 1984, enfermé et violé sa fille Elisabeth et trois des sept enfants auxquels elle a donné naissance et dont il est le père.

"Je demande si peut-être l'un d'entre eux a vu quelque chose qui a l'époque a pu paraître insignifiant", a déclaré l'enquêteur Franz Polzer lors d'une conférence de presse.

Cette affaire a soulevé indignation et stupéfaction et les enquêteurs s'interrogent sur la manière dont Fritzl a pu enfermer quatre personnes au nez et à la barbe des habitants de l'immeuble.

Des médias allemands et autrichiens ont montré des photos et des vidéos de Fritzl passant benoîtement des vacances en Thaïlande et à Chypre, en l'absence d'autres membres de la famille.

Deux des enfants qui ont passé toute leur vie dans la cave ont maintenant fait la connaissance de trois autres enfants recueillis alors qu'ils étaient nourrissons par Josef et son épouse Rosemarie.

"Hier, nous avons eu une petite fête d'anniversaire improvisée avec un gâteau d'anniversaire pour l'enfant de 12 ans", a déclaré lors de la même conférence de presse Berthold Kepplinger, directeur médical de la clinique provinciale de Basse Autriche.

L'AINÉE TOUJOURS HOSPITALISÉE

La fille aînée, âgée de 19 ans, reste hospitalisée dans un état grave dans l'établissement où elle a été admise la semaine dernière.

Josef Fritzl, qui a reconnu la séquestration et l'inceste, a été placé en détention et fait l'objet d'une enquête pour viol, inceste et coercition ainsi que pour homicide par négligence d'un septième enfant, décédé peu après sa naissance et dont il a incinéré le corps dans une chaudière.

Son avocat, Me Rudolf Mayer, a déclaré qu'après avoir fait une déclaration complète aux policiers, son client refusait de répondre à d'autres questions.

"Les analyses d'ADN sont claires et prouvent l'inceste. Mais le viol n'a absolument pas été prouvé, ni la réduction en esclavage et l'homicide dont on a parlé. Rien n'a été prouvé à ce sujet", a-t-il dit.

Avec Christian Gutlederer à Vienne, version française Nicole Dupont

MIS A JOUR - SAMEDI - 14:36 :
Le magazine Allemand Der Spiegel explique ce samedi qu’Elisabeth, la fille de Josef Fritzl, n’aurait reçu de nourriture que de son père pendant ses 24 années de séquestration, mettant ainsi sa Mère hors de cause.
La femme disculpe donc totalement sa mère RoseMarie : ma mère “n’avait rien su de la séquestration, et n’avait rien à voir avec cela. Seul son père, et personne d’autre, lui avait fourni de la nourriture et des vêtements” écrit le journal allemand, qui rapporte des extraits d’auditions de la victime par les forces de l’ordre autrichiennes.
L’article du magazine revient également sur des détails particuliérement monstrueux de ce dossier : la cave dans laquelle Elisabeth a été enfermée pendant 24 ans ne comportait au début qu’une pièce, ce qui implique que la jeune femme ait été violée par son père devant leurs propres enfants, nés en 1988, 1990, et 1992.
Elisabeth Fritzl aurait également expliqué le commencement de sa séquestration : son père lui avait alors demandé de l’aider à porter une charge jusqu’à la cave, le 28 aout 1984, alors qu’elle avait 19 ans. La jeune femme était alors loin de se douter qu’elle ne reverra plus la lumière du jour pendant 24 longues années.
La victime aurait aussi expliqué que son père l’avait d’abord menottée à un poteau pendant les deux jours de sa séquestration, avait de l’attacher à une laisse pour qu’elle puisse atteindre des toilettes.
Comment pouvait-elle ne pas savoir ? C’est la question que se pose le tabloid The Sun ce matin après la publication de la première photo de la femme de Josef Fritzl, cet autrichien qui a séquestré et violé sa fille pendant 24 ans.
Ce sujet reste toutefois secondaire après les révélations toutes plus graves les unes que les autres qui pèsent actuellement sur cet Autrichien de 73 ans.
Incarcéné depuis le début de la semaine, on a appris :
- Qu’il menaçait ses victimes -parmi lesquelles ses propres enfants- de les tuer au gaz.
- Qu’il aurait commis un autre viol… en 1967. Il avait à l’époque écopé de 18 mois de prison ferme, une peine légère prononcée pour qu’il retrouve sa famille au plus vite !
- Plusieurs journaux autrichiens pensent savoir que Josef Fritzl est un violeur multi-récidiviste qui aurait été également condamné pour exhibition sexuelle dans sa jeunesse.
- Les voisins du violeur culpabilisent de n’avoir rien vu pendant ces longues années : un ancien locataire de Josef Fritzl, notamment, revient sur ces factures d’électricité qu’il a toujours trouvé trop élevées, sans jamais avoir eu l’idée de chercher à en comprendre la raison.
- Un autre locataire du violeur incestueux se rappelle que son chien aboyait à chaque fois qu’il passait devant la cave du Grand-Père. Là encore, le locataire n’a jamais cherché à comprendre pourquoi.
- Une question se pose particuliérement ce vendredi soir, presqu’une semaine après la découverte des faits : Josef Fritzl avait-il un complice ? Beaucoup estiment qu’il n’aurait jamais pu accomplir ses méfaits aussi longtemps sans une aide extérieure…

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dimanche 4 mai 2008, mis à jour à 15:57


Josef Fritzl, l'Autrichien de 73 ans qui a séquestré sa fille dans une cave près d'un quart de siècle et a eu d'elle sept enfants, avait été condamné pour viol en 1967, a révélé sa belle-soeur dans des interviews à la presse autrichienne.



Le journal Oberösterreichische Nachrichten reproduit dimanche ce qu'il présente comme un extrait du casier judiciaire de Fritzl, datant d'il y a 41 ans, tiré des archives municipales de Linz.

Dans ce document, un certain "Josef F." est accusé d'avoir pénétré par effraction dans l'appartement d'une infirmière de 24 ans et d'avoir violé la jeune femme.

La belle-soeur de Fritzl, Christine R., a déclaré au quotidien Österreich que ce dernier avait été incarcéré pour ce viol. "J'avais alors 16 ans", se rappelle-t-elle.

Aux termes de la loi autrichienne, les dossiers criminels sont détruits au bout de quinze ans.

L'avocat de Fritzl, Rudolf Mayer, n'a pu être joint pour être interrogé sur le passé de son client.

Si cette condamnation a effectivement été prononcée, le viol a été commis peu de temps après la naissance de la fille de Fritzl, Elisabeth, aujourd'hui âgée de 42 ans et qui a été séquestrée pendant 24 ans par son père dans la cave d'un immeuble d'Amstetten, en Basse-Autriche.

Le patron de l'enquête, Franz Polzer, déclare dans une interview publiée dimanche que Fritzl présente toutes les caractéristiques d'une personnalité tyrannique.

"PULSIONS SEXUELLES"

"Cet homme, dont tous les crimes trouvent leur origine dans des pulsions sexuelles, ne supportait pas d'être interrogé sur ses vacances, sur ses absences", dit l'enquêteur.

Les policiers, qui passent la cave au peigne fin, ne peuvent y rester plus d'une heure en raison de l'air vicié.

Polzer a confirmé une information de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel selon laquelle Elisabeth avait été attachée à une laisse pendant les premiers mois de sa captivité.

Josef Fritzl est incarcéré depuis huit jours à la prison de Sankt-Pölten, capitale de la Basse-Autriche.

Le directeur de la prison, Günther Mörwald, a déclaré samedi que le détenu ne posait "absolument aucun problème" et qu'il était parfaitement conscient de sa situation.

Elisabeth et trois de ses enfants, âgés de 19, 18 et 5 ans, qui n'avaient jamais vu la lumière du jour, sont toujours hospitalisés.

La fille aînée d'Elisabeth, que Fritzl avait amenée à l'hôpital il y a deux semaines, se trouve toujours dans un état critique mais stationnaire.

Trois autres enfants d'Elisabeth ont été adoptés par Fritzl et sa femme. Le septième est mort en bas âge et Fritzl a brûlé son corps.

Les enquêteurs ont mis hors de cause la femme de Fritzl, Rosemarie, qui apparemment ignorait tout de ce qui se passait dans la cave et croyait sa fille en fugue.

La police étudie par ailleurs les déclarations de Fritzl qui a affirmé avoir un moment menacé de "gazer" sa fille et les enfants dans leur réduit. "Je ne pense pas que ce soit vrai, mais nous examinons ces affirmations", a dit Polzer.

Les médias ont diffusé des images de vacances de Fritzl à l'étranger, sans sa famille, notamment sur une plage de Thaïlande.

Le suspect a dit aux enquêteurs qui s'il était resté absent de façon prolongée, la porte coulissante du réduit où vivaient ses prisonniers se serait ouverte automatiquement.

Avec Sylvia Westall, version française Guy Kerivel

La maison de Josef Fritzl à Amstetten, dans laquelle cet Autrichien de 73 ans a séquestré sa fille durant près d'un quart de siècle et a eu d'elle sept enfants. Selon sa belle-soeur, il aurait été condamné pour viol en 1967.

Photo prise le 3 mai 2008/REUTERS/Herbert Neubauer