12 juin 2008
Douze ans requis pour viols et attouchements.
Au terme de trois jours de procès, les jurés devaient se prononcer, hier soir, sur les agressions sexuelles et les viols commis entre 1986 et 1989, à Guilliers, par un homme aujourd'hui âgé de 68 ans.
Les victimes, alors âgées d'une dizaine d'années, étaient les deux filles de son ancienne compagne. Hier matin, l'accusé a reconnu ce qu'il niait depuis lundi.
À savoir, les agressions sexuelles commises sur ces enfants.
En revanche, il a maintenu ne pas avoir violé l'aînée des deux victimes, une femme aujourd'hui âgée de 32 ans.
Le jour et la nuit
Pendant toute la durée des plaidoiries, cette dernière a gardé une attitude prostrée, la tête entre les mains, comme incapable d'entendre encore une fois le récit de ce que celui qui était devenu son « second père » lui avait fait subir.
Tandis que sa sœur, l'air accablé, assistait aux débats d'un regard fixe.
Le jour, le beau-père se comportait normalement avec les enfants, dans un mélange d'autorité et d'affection.
La nuit, il rentrait dans leur chambre pour les abuser.
C'est ce double visage qui explique, selon l'avocate générale Martine Pétreault, pourquoi les victimes ont mis quatorze ans avant de porter plainte.
« Le jour, c'est lui qui fixait les limites.
La nuit, il s'affranchissait de toute loi pour se glisser dans le lit des enfants.
Ces relations ont eu un effet dévastateur.
Aujourd'hui, l'accusé a reconnu une demi-vérité. Mais il n'a manifesté aucun sentiment de culpabilité, aucun regret. »
La défense pas entendue
Elle a requis douze années de réclusion.
Les deux avocats de la défense avaient, a contrario, demandé une peine de prison avec sursis concernant les attouchements sexuels et l'acquittement pour les viols.
M e Benoît Rousseau, du barreau de Nantes, a basé sa plaidoirie sur le fait que l'aînée, celle qui se disait victime des viols, n'en avait pas fait part lorsqu'elle en avait parlé pour la première fois à son compagnon, trois ans après les faits, mais bien plus tard. « Un traumatisme ne peut pas servir de preuve.
La reconnaissance d'un délit n'entraîne pas la reconnaissance automatique d'un crime. » (Le télégramme)