Violée par son oncle, elle raconte : « Aujourd'hui, je n'ai plus peur » '' arras''62

mercredi 10.12.2008, 04:48 - La Voix du Nord

L'histoire de J. P., 27 ans, est celle d'une jeune Arrageoise qui tente de se reconstruire plus de quinze ans après avoir subi des viols de la part de son oncle.
Une jeune femme longtemps brisée par le silence observé par une partie de sa famille.
L'affaire est en cours d'instruction à Arras et devrait déboucher, en 2010 sans doute, devant la cour d'assises du Pas-de-Calais, à Saint-Omer.
Elle a voulu témoigner pour toutes celles qui n'osent pas.
Quand elle parle de son oncle, elle n'arrive toujours pas à dire son prénom. Entre deux pleurs, J. P. se remémore le passé. Quand elle n'était encore qu'une petite fille, la jeune femme, 27 ans aujourd'hui, a subi des abus sexuels de son oncle. Parfois avec des objets. Un lourd secret qu'elle a longtemps gardé pour elle. « Quand on est mineur, on ne porte pas plainte, explique J. P.
On a un sentiment de honte, de culpabilité. Dans ma tête, ce qui arrivait était ma faute. Lui, c'était l'adulte. Il avait forcément raison. Je me voyais comme vicieuse. » Et puis en mai 2006, à l'âge de 25 ans, alors qu'elle a été violée entre 5 et 11 ans, J. P. décide de parler. Et dépose plainte, juste avant que les faits ne soient prescrits. J. P. voit en effet la fille de cet oncle se comporter étrangement. Elle pense revivre à travers la petite fille ce qui lui est arrivé. Une instruction est ouverte. Et dans le sillage de J. P., quatre autres nièces du violeur présumé se constituent partie civile dans le dossier.
Elles aussi seraient victimes. « Moi, j'ai 27 ans, il est trop tard, explique J. P, qui a pris vingt kilos au fur et à mesure de ses épisodes de dépression. Mais pour la petite, je me devais de déposer plainte. Les fêtes arrivent, j'ai peur pour elle ».
Une peur décuplée par la libération de son oncle le 18 juillet dernier, deux ans après son incarcération. La justice a estimé qu'il n'y avait pas de risques de récidive. Un oncle qui a reconnu les faits de viols sur J. P., mais pas sur ses autres nièces.
« Il fallait se taire »
L'affaire est sensible et a même scindé la famille en deux clans. Ceux qui voulaient laver leur linge sale en famille, et ceux qui voulaient que l'oncle rende des comptes à la justice. « On était toutes mineures quand on en a p arlé à nos proches, se souvient J. P, qui a même dû être confrontée à son oncle. Mais la famille a dit qu'il fallait se taire. On avait la pression. Ma tante, ma mère, ont tout fait pour qu'on ne dise rien. Par peur qu'on nous pointe du doigt. Ils ont minimisé les faits, à dire que c'était de ma faute. Mais il fallait stopper mon oncle, pour qu'il ne recommence pas ». L'oncle reconnaîtrait simplement avoir abusé de deux de ses nièces. Et se serait contredit plusieurs fois lors de l'instruction.
La quarantaine, il est aujourd'hui sous contrôle judiciaire.
Avec interdiction d'entrer en contact avec ses victimes et obligation de « pointer » régulièrement.
Le dossier est aujourd'hui quasiment bouclé.
Il sera renvoyé devant la cour d'assises du Pas-de-Calais, à Saint-Omer.
L'audience n'aura pas lieu avant 2010.
Une sixième victime se serait déclarée, mais le parquet aurait décidé de ne pas saisir le juge chargé de l'affaire.
« Je ne regrette pas d'avoir parlé et porté plainte, explique, en se décrispant J. P. La seule chose que je regrette, c'est de ne pas avoir dénoncé les faits avant.
Si j'avais su...
Mais j'étais alors enceinte.
Je ne regrette pas, non.
Ma famille ne me fait plus peur. Ceux qui sont encore à ses côtés aujourd'hui sont pour moi des moins que rien ».
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Arras/actualite/Secteur_Arras/2008/12/10/article_violee-par-son-oncle-elle-raconte-aujou.shtml