ABUS SEXUEL INCESTE
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 Ne dis rien à personne

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Isabelle
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MessageSujet: Ne dis rien à personne   Ne dis rien à personne EmptyVen 17 Fév - 12:00

À 8 ans, Marianne, victime d’un père violent et d’une mère alcoolique, rencontre un homme qui semble vouloir lui donner de la tendresse.
Mais derrière la main qui offre des bonbons se cache un prédateur.
Quand Marianne est renvoyée de l’école enceinte à 13 ans, le pire est à venir...

« Raconte-nous une histoire », me disaient souvent mes enfants. « Où voulez-vous que je commence ? », leur demandais-je en prenant l'un de leurs livres préférés. « Au début, maman, évidemment ! », et j'ouvrais docilement le livre à la première page. « Il était une fois... »

Mais au moment de raconter ma propre histoire, et à l'heure où j'ai plus d'années derrière que devant moi, la question qui se pose est bien celle-ci : par où commencer ?

Cette histoire, que je tente de garder bien enfouie dans les tréfonds de mon âme et qui hante mes rêves, a débuté quand j'avais sept ans.

Mon parcours trouve cependant ses racines au moment où j'ai été conçue, voire un peu avant. Il me fallut pourtant attendre d'être assise dans ma cuisine devant cette feuille de papier, recouverte recto verso de mon écriture appliquée, pour accepter l'idée que le moment était venu de me confronter à mon passé.

Mais par où commencer ? me suis-je demandé.

Par le commencement, Marianne, me répondit ma petite voix intérieure. Ton commencement, car tu dois te souvenir des années qui ont eu lieu avant pour comprendre tout ce qui s'est passé.

Et c'est ce que j'ai fait.



Quand je vivais avec mes parents, lors de chacun de mes anniversaires, et avant même que j'aie eu le temps d'ouvrir la moindre carte ou le moindre cadeau, ma mère me répétait combien il avait plu le jour de ma naissance.

Pas de simples averses, expliquait-elle chaque fois, mais des trombes d'eau qui fouettaient les maisons et transformaient les chemins de campagne en sentiers boueux. Les gouttières, que mon père ne pensait jamais à débarrasser des feuilles mortes, débordaient de partout. L'eau ruisselait le long de la maison pour jaillir avec fracas dans les canalisations déjà surchargées. Au fil des ans, une épaisse mousse verte avait peu à peu recouvert les murs extérieurs, et les gouttières bouchées avaient provoqué l'apparition de larges taches d'humidité et de moisissures sur les murs de la chambre.

C'est aux toutes premières lueurs du matin, alors que les coqs du fermier voisin n'avaient pas encore salué le jour, que je décidai de venir au monde. Ma mère s'était éveillée dans d'atroces souffrances, sa chemise de nuit trempée, sachant que j'étais sur le point d'arriver. Elle se sentit soudain terrifiée.

Elle secoua mon père pour le réveiller. Pestant contre mon manque de tact, il enfila précipitamment ses vêtements, enfonça le bas de son pantalon dans ses bottes et enfourcha son vélo pour aller chercher la sage-femme locale.

Avant qu'il ne claque la porte, la laissant seule avec sa douleur et sa peur pour seules compagnies, ma mère avait entendu les mots « affaires de femmes » et « pas un endroit pour un homme » flotter dans son sillage.

Après un temps qui lui sembla durer des heures - mais qu'elle admit finalement n'être que de vingt minutes -, la sage-femme était auprès d'elle.

Cette petite femme trapue prit rapidement les choses en main et tenta d'apaiser ma mère en lui expliquant qu'elle avait déjà fait venir au monde des centaines de bébés. Après un examen rapide, elle confirma que mon arrivée était imminente.

« Et sais-tu ce qu'elle a dit à ce moment-là ? », me demandait toujours ma mère à ce stade du récit. Docile, je jouais le jeu et secouais négativement la tête.

« Elle m'a juste dit qu'elle ne pouvait rien faire tant que les douleurs n'étaient pas plus rapprochées, et que... » - et ma mère reprenait alors son souffle pour mettre encore plus d'emphase sur les mots suivants - « tout ce que j'avais à faire, c'était de pousser ! Après, elle m'a demandé où se trouvaient les serviettes propres qu'elle avait réclamées. »

Ma mère poursuivait ensuite la narration du reste de cette longue et douloureuse journée. La sage-femme laissa échapper l'expression de sa réprobation quand elle se rendit compte que mon père, encore imbibé d'alcool, avait oublié de mettre à disposition les objets qu'elle lui avait demandés. Avec l'aide de ma mère, elle parvint finalement à trouver tout ce dont elle avait besoin.

Après quoi, elle alla chercher une voisine et lui força la main pour venir l'assister quand le moment serait venu - mais d'ici là, il n'y avait pas grand-chose à faire. Ma mère écoutait le bourdonnement de leur conversation au rez-de-chaussée, alors que les deux femmes buvaient tasse de thé sur tasse de thé en échangeant des ragots. Elles lui apportaient à boire et venaient lui essuyer le front avec un linge frais de temps à autre, mais ma mère passa la plus grande partie de la journée seule.

« Appelez-moi quand vous avez besoin », lui dit la sage-femme, échouant totalement à rassurer et à réconforter ma mère, avant de descendre s'asseoir devant le feu de cheminée qu'elle venait d'allumer.

Je me suis souvent demandé comment ma mère pouvait se souvenir d'autant de détails, mais elle m'assure que tout est exact.

Elle passa toute la journée allongée sur le dos, les jambes relevées et écartées, les mains pleines de transpiration sous l'effet combiné de la douleur et de la peur, s'agrippant au drap froissé. Son lit se trouvait face à la fenêtre, et tandis qu'elle regardait la pluie déferler contre les vitres, son corps était parcouru d'une souffrance supérieure à tout ce qu'elle n'aurait jamais pu imaginer.

Sa gorge était devenue douloureuse à force de crier. Elle était littéralement trempée : la sueur lui coulait sur le visage, plaquant ses cheveux à sa tête pour venir goutter à son menton.

Plus que tout, elle voulait que quelqu'un qui l'aime soit à ses côtés. Quelqu'un qui lui tienne la main, lui essuie le front et lui dise que tout allait bien se passer. Mais il n'y avait que cette sage-femme.

Le soir arriva, et la pluie tombait toujours. Elle regarda par la fenêtre et distingua sur la vitre le reflet de son visage, mêlé aux gouttes de pluie. C'était comme si un million de larmes coulaient le long de ses joues, se dit-elle.

Dix-huit heures après avoir perdu les eaux, elle donna la poussée finale - la toute dernière dont son corps était capable -, et je vins enfin au monde.

Par chance, au moment où je glissai hors de son corps, j'ignorais combien ma présence n'était pas désirée. Il me fallut quelques années pour m'en apercevoir.

Mon père rentra à la maison quand les dernières consignes furent données, et qu'il apprit que c'était une fille.

Je ne pense pas qu'il en ait été ravi.




2

Mon plus ancien souvenir me revient en mémoire. Il date de l'époque où, trop petite encore pour pouvoir marcher longtemps, on me promenait en poussette. Je me souviens du rythme de ses mouvements, et du poids soudain des sacs de courses que l'on déposait négligemment sur moi. Comme j'avais hâte de retrouver la chaleur des bras de ma mère quand elle se pencherait pour me sortir de là ! J'entendais le brouhaha des voix de tous ces visages flous et les voyais me regarder, tout en ayant l'impression d'être invisible.

Moi, à trois ans : petite pour mon âge, des cheveux châtain clair en bataille, la crasse visible sur mon teint pâle, et de grands yeux bleus qui portaient déjà sur le monde un regard empreint de doute et de méfiance.

N'ayant pas connu la joie d'être câlinée, bordée le soir et accompagnée vers le sommeil par la lecture d'une histoire, ni la sérénité d'être considérée comme une personne chère, je n'avais aucun moyen de comparaison et ignorais encore que je n'étais pas aimée.

Je n'avais pas non plus de mots pour la peur, et aurais été bien incapable d'expliquer ce que je ressentais lorsque la chair de poule envahissait mes bras, quand ma nuque se tendait et que mon estomac se tordait comme si une armée de papillons y avait élu domicile. Néanmoins, au moment de mes premiers pas puis de mes premiers mots, je savais déjà que c'était le son de la voix courroucée de mon père qui provoquait ces sensations.

Dès qu'il passait la porte pour entrer en titubant, il se mettait à me crier dessus : « Qu'est-ce que tu as, à me regarder comme ça ? » Les premiers temps, alors que je comprenais seulement sa colère et non ses mots, ma bouche s'ouvrait pour laisser échapper un long gémissement. Cela ne faisait qu'accentuer sa fureur, jusqu'à ce que ma mère vienne me soustraire de sa vue. J'appris plus tard que dès qu'il pénétrait dans une pièce, je devais me faire aussi petite et silencieuse que possible, voire totalement invisible.

Je passai les sept premières années de ma vie dans une petite maison d'une rangée de six mitoyennes. La porte d'entrée donnait directement dans la pièce principale, où un escalier menait aux deux chambres.

Celle de mes parents était juste assez grande pour accueillir leur lit et une commode, alors que la mienne, avec ses murs de plâtre brut et son sol en lino craquelé, était à peine plus grande qu'un placard. Le seul meuble qui s'y trouvait était un petit lit recouvert de vieux manteaux sur un matelas déchiré, le tout adossé au mur faisant face à une fenêtre sans rideaux.

Cette maison appartenait à la ferme où mon père travaillait comme ouvrier agricole. Comme souvent dans ces circonstances, notre occupation des lieux représentait une bonne partie de son salaire.

Le fermier, un homme vieux jeu et acariâtre, refusait d'admettre l'augmentation du coût de la vie et payait ses hommes une bouchée de pain. « Ils ont déjà le logement gratuit ! » constituait l'argument de sa défense. Malheureusement, il pensait aussi que « logement gratuit » rimait avec absence d'obligation d'entretien de la part du propriétaire, et, en hiver, l'endroit était aussi humide que glacial. Ni les journaux roulés en bas des portes ni les feuilles de plastique épinglées autour des fenêtres pourries n'empêchaient le froid de mordre les petits nez et les petites oreilles, et c'est avec des mains glacées qu'on tentait de réchauffer ses jambes nues. Tremblants, nous cherchions une place près du feu, où, la face réchauffée et le dos gelé, nous nous blottissions autour de l'étroit foyer noir, à regarder les bûches humides se consumer.

Quand le ciel s'assombrissait et que la pluie tombait, rendant les jeux en extérieur impossibles, je passais mes journées dans la petite pièce de vie qui faisait office de cuisine, de salon, et, aux rares occasions où la bassine de métal était sortie, de salle de bains. Les meubles avaient été donnés par les grands-parents, quand ils s'étaient débarrassés de ce dont ils ne voulaient plus.

Je me souviens d'un horrible canapé marron dont les ressorts fatigués traversaient presque le revêtement, passé et usé jusqu'à la corde ; d'une table en bois avec quatre chaises différentes, toutes bancales ; et d'un buffet déglingué, recouvert d'un empilement de casseroles et autres ustensiles de cuisine. Aucun élément ne rendait l'espace agréable ou accueillant. C'était une triste et sombre pièce, dans une triste et minuscule maison.
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