samedi 27.09.2008, 05:02 - La Voix du Nord
À l'issue de trois jours de procès devant la cour d'assises du Nord, un Solesmois âgé de 63 ans, a été reconnu coupable hier de viols et d'attouchements sexuels sur sa fille déficiente mentale.
Quant à son épouse, la mère de la victime, renvoyée devant la justice pour non assistance à personne en péril, elle a été acquittée.
S'agissait-il simplement de gestes, certes très déplacés, et de jeux de mauvais goûts ? Ou ce père de famille, soudeur aujourd'hui à la retraite, s'est-il livré à des attouchements sexuels, se rendant dans le même temps coupable de viols sur sa fille déficiente mentale ?
Les jurés de la cour d'assises de Douai ont eu à examiner ces derniers jours une terrible affaire, particulièrement douloureuse, comme toutes les affaires d'inceste.
C'est dans le Solesmois, entre 1982 et 2002 (date du dépôt de la plainte), que le drame s'est joué.
Vingt années durant. la victime aurait ainsi enduré les assauts de son père qui la « convoquait » dans sa chambre, dès que son épouse avait le dos tourné.
Tout au long de l'instruction, l'accusé n'a jamais cessé de nier les faits qui lui étaient reprochés.
Mais, ces derniers jours, poussé dans ses derniers retranchements par le président de la cour d'assises, l'homme a fini par lâcher qu'en effet, il lui était arrivé de faire des propositions d'ordre sexuel à la victime, mais aussi à deux de ses autres filles.
Le courage de la victime
Tour à tour, les personnalités de la victime et des accusés ont été longuement évoquées par les témoins et les experts qui ont défilé à la barre durant deux jours.
De l'enfance aux déficiences mentales, en passant par l'hygiène de vie et le passé amoureux, chaque détail de leurs vies a été décortiqué.
A l'heure des plaidoiries, il s'est agi pour la partie civile de faire entendre la douleur de la jeune femme et de la reconnaître dans son statut de victime : « Elle vient chercher la vérité pour son père et la clémence pour sa mère » a indiqué Me Nortier, à l'adresse des jurés.
Pour sa part, l'avocat général, a tenu à rendre hommage au courage de la jeune femme qui depuis son dépôt de plainte (en 2002) attend que justice lui soit rendue.
Et, se basant sur divers éléments, tel le dossier médical de la victime, le représentant du ministère public de réclamer une peine de 12 ans de réclusion criminelle, à l'encontre de celui qui « n'a jamais montré aucun remord » ainsi que l'acquittement pour la mère qui est restée totalement hors de son procès.
Un constat partagé par l'avocat de la défense de la mère, Me Dehouck : « Ma cliente, déficiente, devrait être placée sous protection judiciaire. Elle n'avait pas les moyens de défendre sa fille (...) Elle est l'ombre d'elle même.
Peut-on condamner une ombre ? » Enfin, concernant le principal accusé, l'enjeu était de taille pour la défense qui a plaidé l'acquittement.
Me Théry a joué son va-tout sur un point de droit : la prescription. Incontestablement, une partie des faits en était frappée (avant 1994) mais autre difficulté : « Avons nous la preuve que la victime a bel et bien subi des actes de pénétration entre 1994 et 2002 ? » a interrogé le conseil.
Des arguments qui n'ont cependant pas suffit à convaincre les jurés puisqu'après 3 h 30 de délibération, ils ont finalement déclaré l'accusé coupable.
L'homme a quitté la cour d'assises menottes au poignets, après avoir été condamné à sept années de réclusion criminelle. •
VALÉRIE LANCEL
source: http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Cambrai/actualite/Cambrai/2008/09/27/article_sept-ans-de-reclusion-criminelle-pour-le.shtml