Daniel G., Fenainois de 47 ans, a été condamné à sept ans de prison ferme avec mandat de dépôt, mardi. Il a été reconnu coupable de multiples agressions sexuelles sur trois de ses filles en 1997 et 1998.
Alors que la plupart des enfants voient la pension comme une punition, Géraldine, elle, a tout fait pour y être admise. Jusqu'à travailler un été entier dans un café pour se payer cet éloignement du domicile familial. C'était en 1998, la fin d'une période très difficile de son adolescence.
Dans la famille G., à Fenain, Géraldine est l'aînée de neuf enfants. C'est en pensant à ses cinq soeurs qu'elle révèle les faits en décembre 2002. Elle envoie un SMS à l'un de ses frères pour lui demander de protéger ses soeurs, craignant qu'elles aussi soient victimes d'agressions sexuelles de la part de leur père, Daniel. Le frère est absent, le SMS arrive sur son téléphone portable et c'est la mère qui le lit...
Daniel G. s'avance à la barre du tribunal, aidé d'une canne. Il a besoin d'une chaise. Aujourd'hui, l'homme de 47 ans vit seul. Femme et enfants ont tourné le dos à cet ancien maraîcher poursuivi pour des agressions sexuelles sur trois de ses filles. Géraldine, Judith et Alicia n'étaient âgées que de 9 à 14 ans entre 1997 et avril 1998.
Caresses puis viols
L'aînée est celle qui a le plus souffert. Dès 11 ans. Des caresses que son père qualifie encore de « taquineries », de « chatouilles », puis des gestes plus francs qui ont dérapé, au fil des mois... Géraldine était épiée par son père à travers la serrure de la porte de la salle de bains. Un jour, il l'a prise par le bras et l'a violée. Son épouse était à la maternité.
Ces agressions, Daniel G. les a reconnues dès sa première audition. Il était à l'hôpital à l'époque, pour une tentative de suicide. Le problème, c'est qu'il est ensuite revenu sur ses déclarations, parlant de « provocations » de Géraldine qui « voulait aller plus loin ». Devant le tribunal, il soutient cette seconde version. « Elle était consentante », souffle-t-il dans le micro, les yeux implorants. Derrière, loin derrière, au dernier rang, ses filles éclatent en sanglots. Daniel, lui, s'apitoie sur son sort : « Je suis très croyant vous savez... Le bon Dieu m'a bien puni. Cette maladie... ». Il souffre d'arthrose dégénérative.
La substitut Thérèse Diligent ne s'attendrit pas et met le prévenu face à ces deux versions. Daniel G. commence à parler : « Ma femme était partie à la maternité. On a fait des caresses et tout... ». « "Et tout", c'est quoi ? »insiste la substitut. « J'ai passé mon sexe partout... sans pénétration. » « On commence à avoir une ébauche de vérité, se satisfait la substitut. Qu'est ce que vous en pensez ? » Lui : « Ben... que ma seconde version est bonne. » Patatras, tout est à refaire. Dans la salle, les pleurs des plaignantes s'intensifient.
Leur avocate, Me Bony, monte au créneau : « Parce qu'elles lui disaient "Papa, je t'aime", il a considéré que c'était un élément accrocheur, mais c'est pas ça un amour de père ! Il gérait tout au foyer, comme un tyran. » Les réquisitions tombent net : sept ans ferme avec mandat de dépôt. En face, Me Goasdoué peut difficilement rivaliser compte tenu de l'attitude de son client : « Il a confondu entre l'amour et l'attirance physique, il ne faut pas caricaturer ! » C'est vain. Le tribunal suit les réquisitions, envoie Daniel G. pour sept ans en prison et le condamne à payer 12 000 € de dommages et intérêts à ses filles. Il fait appel.(La Voix du Nord)