Assises. A la veille d'une épreuve de bicross en 2002, un jeune sportif a violé une femme de 69 ans dans un petit chemin à Saint-Nazaire. Il est jugé par les Assises.
Elle s'accroche à la barre, mime la scène péniblement.
C'était un dimanche de Pâques, il y a six ans, dans un petit bosquet à Saint-Nazaire.
Le traumatisme est tenace, la peur également « Je promenais mon petit chien comme d'habitude... quand monsieur m'a donné un grand coup à l'épaule... Qu'est ce qui vous prend ? Je suis une mamie, laissez-moi tranquille ! » Fanny*a subi, à 69 ans, les pires violences de sa vie.
Des faits « profondément honteux, impensables, innombrables », a analysé un expert. Mais devant la cour d'assises de Loire-Atlantique,elle raconte l'insoutenable.
« Monsieur a baissé son pantalon.
Il m'a obligé à faire une fellation, il a soulevé ma jupe... » Aux policiers,elle ne dira pas tout. « C'était une chose honteuse ».
Six ans plus tard,toujours la peur,ces fichues migraines et ces nuits bien trop courtes.
Lui, Nicolas Lemaire,le « Monsieur » du viol venait d'avoir 18 ans. Aujourd'hui,il en a 24 et il comparait libre.
D'une voix claire, posée, sans émotion,il avance : « J'ai vu cette dame, j'ai pas vu son âge.... J'ai voulu un rapport sexuel. Je l'ai forcée. Peut-on appeler ça une pulsion ?
Je pense que oui ».
Ce jour-là, le jeune accusé qui habite Calais participait à une épreuve du championnat de France de bicross.
Comme presque tous les week-ends.
À peine majeur,il aligne déjà titres et coupes.
Et ce dimanche,il repartira avec un énième trophée.
Ce n'est que quatre ans plus tard, en 2006, que la police de Saint-Nazaire interpellera l'accusé à Calais dans le Nord.
Il a été confondu par son ADN pour une banale histoire de recel de portable volé. « Pendant ce temps-là, j'ai essayé d'enterrer ça ».
Pendant ce temps-là, sa vie chancelle.
Sa carrière sportive prend fin pour des raisons obscures, il sort de l'école sans diplômes et commet de menus larcins pour lesquels il est condamné.
Il vit avec une femme âgée de 48 ans qui, durant ces années, ne se doutera de rien.
« Les personnes plus âgées que moi me comprennent mieux », explique l'accusé.
Demain, le jury décidera de le renvoyer ou pas en prison.
Lui, semble s'y attendre.
« Moi, je paierai en années de prison », lance-t-il en regardant droit dans les yeux la victime. « Ce que j'ai fait est vraiment horrible.
Je souhaite que vous finissiez votre vie paisiblement ».
Marylise COURAUD.
*Prénom d'emprunt.
Ouest-France