ASSISES DU NORD
La Voix du Nord - Edition du jeudi 15 mai 2008
Hier s’est poursuivi devant la cour d’assises du Nord l’examen des faits de viol, d’attouchements et d’agressions sexuelles reprochés à un ancien adjoint au maire d’une commune du Cambrésis.
Une deuxième journée sans surprise puisque l’accusé persiste dans son amnésie, semblant même parfois frappé d’une soudaine déficience intellectuelle.
Les témoignages se suivent et se ressemblent. « Qu’avez-vous à dire sur ces faits ? » Le président de la cour d’assises a bien tenté, hier encore et à maintes reprises, d’obtenir des explications de l’accusé sur les faits qui lui sont reprochés.
Au fil des auditions des jeunes victimes – sept au total, deux seulement se sont constituées partie civile – se dessine le terrifiant parcours d’un accusé qui aurait débuté, il y a plus d’une vingtaine d’années,une longue série d’attouchements et d’agressions sexuelles sur des jeunes filles, toutes mineures au moment des faits. Il était âgé d’une trentaine d’années.
L’accusé, comme au premier jour de son procès (notre édition d’hier), s’est bien gardé de répondre par oui ou par non aux questions, simples, qui lui ont été posées.
Léger soubresaut à l’évocation du viol de la principale victime, la fille de son cousin par alliance, âgée de 24 ans à l’époque. En effet, le père de la jeune femme, déficiente à 80 %, est venu témoigner à la barre de ce qu’il avait vu ce matin du 6 novembre 2005, alors qu’il rentrait à l’improviste à son domicile d’une partie de chasse. « Je l’ai vu, le sexe à l’air et ma fille sans pantalon… », a expliqué le père qui poursuit son récit en indiquant qu’il a alors frappé l’accusé à plusieurs reprises tout en l’insultant.
Jusqu’à vingt ans de réclusion
À ces accusations, l’ancien adjoint au maire a répondu que le père avait mal interprété la situation, insistant sur le fait qu’il entourait la victime de ses bras pour lui dire au revoir et non pour lui faire « des manières ». Mardi, l’accusé avait pourtant indiqué qu’il avait fait « une bêtise mais qu’il recherchait simplement un peu de chaleur humaine ».
Contradiction relevée par l’avocat général et la partie civile : « Si vous aviez l’habitude d’embrasser la victime, pourquoi ce jour-là le père a-t-il réagi aussi violemment ?
» Aujourd’hui, le témoignage de la jeune femme est très attendu par les jurés, mais aussi par la défense dont l’objectif premier sera probablement de démontrer que le viol n’a jamais existé. L’accusé retrouvera-t-il la mémoire ainsi que l’ensemble de ses facultés, ne serait-ce que pour donner sa version des faits ?
Quoi qu’il en soit, il devrait être fixé sur son sort dès ce soir. Il encourt une peine maximale de vingt années de réclusion criminelle si les faits de viol et les circonstances aggravantes sont retenus par les jurés. • V. L.
http://www.lavoixdunord.fr/journal/VDN/2008/05/15/REGION/ART1131754.phtml[/b]