jeudi 04.12.2008, 04:49 - La Voix du Nord
Le tribunal correctionnel de Douai a condamné P.T., 49 ans, à une peine de quatre ans d'emprisonnement. De 2004 à 2008, il a abusé sexuellement de ses deux enfants, âgés de 11 ans au début des faits.
Chaque dimanche soir entre 2004 et 2008, Marion et Thomas (*), jumeaux, regardent la télévision dans la chambre de leurs parents, à Cuincy. Scène classique s'il en est. Sauf que leur père les soumet régulièrement à des attouchements sexuels.
C'est Marion qui, le plus souvent, est visée.
C'est aussi elle qui brise le silence en 2008. Elle se confie auprès de l'assistante scolaire de son collège et porte plainte.
« J'étais souvent alcoolisé »
Face au père qui se tient impassible à la barre, le juge relate : « Vous avez dit à la police "J'étais attiré par elle.
Je suis soulagé qu'elle ait porté plainte, car arrêter était difficile". » Si le père avoue avoir abusé de sa fille, il nie formellement en avoir fait autant avec Thomas. « Mais pourtant, Thomas assistait à tout cela, il était dans la même pièce, n'est-ce pas ? », demande le juge. « Oui », répond P.T.
Dans une plainte qu'il a déposé à son tour, Thomas raconte que son père l'encourageait à « toucher » sa soeur. « Mais pas longtemps », lâche P.T., qui admet également que Marion « touchait » son frère.
Les dénégations de P.T. concernant les attouchements sur son fils ne convainquent pas le juge. Sceptique, il lui repose la question : « Vous êtes sûr que vous ne l'avez jamais touché ? ». P.T. répond : « Vous savez, j'étais souvent très alcoolisé.
J'avais des problèmes. Avec l'alcool... peut-être, je ne sais pas ».
La plupart du temps pendant ces quatre années, Marion s'est laissée faire. « Si elle se refusait à lui, il était d'humeur despotique avec toute la famille.
Elle s'est sacrifiée », argumente l'avocate de la partie civile, qui ajoute : « Marion a eu le courage de parler par peur pour son autre soeur. Mais sa culpabilité est telle qu'elle refuse un suivi psychologique. » La culpabilité, encore et toujours.
Thomas, qui n'était pas présent lors de l'audience, a écrit une lettre à son père.
L'avocat de la défense la remet au juge. Elle dit : « Papa, je suis désolé de t'avoir fait de la peine en racontant des mensonges (...) Je retire ma déposition ». Pour la substitut du procureur, ces quelques mots ne suffisent pas. « On ne sait pas dans quel contexte cette lettre a été produite.
Ce document est récent alors que Thomas est venu dénoncer son père de lui-même après la première garde à vue. »
Autorité parentale
L'avocat de la défense évoque « l'absence d'antécédents judiciaires » chez son client.
Il précise que ce dernier a « crée son entreprise et fait faillite. Il s'est retrouvé chez sa mère avec sa famille.
Il a tout perdu sur le plan financier et familial et a sombré dans la dépression et l'alcool. »
La substitut du procureur estime que « les faits sont extrêmement graves.
L'alcool n'est en aucun cas une excuse.
D'ailleurs, P.T. n'a pas prononcé d'excuses vis-à-vis de sa fille.
Il s'apitoie sur lui-même mais ce sont ses enfants qui souffrent ».
Elle requiert cinq ans d'emprisonnement.
P.T. a été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement. Il devra verser10 000 E de dommages-intérêtsà Marion et 4 000 E à Thomas. L'autorité parentale lui a été retirée. •
ÉLISE CHIARI
> (*) Les prénoms ont été modifiés
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Douai/actualite/Secteur_Douai/2008/12/04/article_pendant-quatre-ans-il-abuse-de-ses-enfan.shtml